Chapitre 3

 

Moi, Halde de Mélorey, avant de mourir je porte témoignage : j’ai vu morte la Voix d’Elli et je l’ai vue vivante. La Voix d’Elli m’a appelée dans la nuit et je l’ai vue devant moi. J’ai touché sa poitrine et les blessures n’y étaient plus. Gloire à Elli qui nous fera telles, gloire à Elli, la Vie éternelle, gloire à Elli.

Les premières phrases de ce qui deviendra « le Testament de Halde », Lisbeï les reconstitue fiévreusement dans sa chambre, où elle s’est glissée comme une voleuse. Elle se rappelle les battements désordonnés de son cœur, l’excitation qui lui agitait tout le corps de frissons nerveux et ses dents qu’il lui fallait serrer très fort pour les empêcher de claquer. De l’excitation, oui, mais bientôt aussi une stupeur sans bornes. Halde était bien l’une des Compagnes martyrisées, c’était dans les Appendices de Hallera. Mais ce qu’elle écrivait dans son carnet, ce n’était pas, mais pas du tout ce que Lisbeï avait appris depuis l’enfance comme toutes les petites dotta du Pays des Mères !

L’histoire officielle, c’était celle-ci : vers la fin du temps des Harems, Garde et ses Compagnes étaient venues transmettre aux femmes-esclaves la Parole d’Elli. La Parole les avait nourries, leur redonnant courage et dignité, et elles s’étaient organisées peu à peu, en secret, autour des Juddites – nommées ainsi d’après une disciple qui avait payé son courage de sa vie lors d’une des premières protestations pacifiques au Harem de Béthély. Le mouvement s’était étendu d’un Harem à l’autre, se propageant comme une marée avec les voyages de Garde et de ses Compagnes. Les Chefs des Harems avaient réprimé toutes les manifestations avec violence. Jusqu’au jour où celui de Béthély, Lexandro, avait capturé Garde et l’avait fait fusiller. Mais, trois jours plus tard, Garde avait reparu à la tête de la grande protestation organisée par les Juddites de Béthély. Au cours de laquelle six des Compagnes avaient été capturées, et Garde tuée de nouveau. Et elle était encore ressuscitée, reparaissant après cinq jours cette fois, pour diriger l’autre manifestation qui avait fait tomber le Harem de Béthély.

On n’avait plus revu Garde par la suite. Elle avait quitté ses disciples en leur laissant par l’intermédiaire de la seule Compagne survivante, Hallera, son énigmatique Promesse : un jour toutes les humaines seraient comme elle et n’auraient plus à craindre la mort, car tel était le dessein d’Elli qui les avait créées pour qu’elles devinssent semblables à Elli. Mais les femmes victorieuses des Ruches, encore contaminées par la violence empoisonnée des Harems, avaient rejeté le message de Garde et avaient persécuté les disciples jusqu’au jour où, enfin, la paix et la tolérance avaient triomphé.

Ce n’était pas ce que racontait Halde. Certes, une partie de l’histoire restait vraie : Garde était bien venue enseigner la Parole d’Elli. Elle avait été fusillée à Béthély ; elle était ressuscitée après son exécution… mais elle n’était pas revenue pour mener la grande protestation : plutôt pour l’empêcher, pour empêcher les Juddites de provoquer un massacre. Les Juddites n’avaient pas été les premières disciples de Garde, elles avaient été ses ennemies ! Elles ne croyaient pas en la Parole d’Elli ! Elles avaient livré Garde et ses Compagnes au Chef de Béthély !

Les Juddites s’étaient révoltées depuis longtemps contre les Harems ; elles voulaient prendre leur place par la force et se venger d’une longue oppression. Elles n’avaient pas la patience d’attendre la victoire de la non-violence : elles n’y croyaient pas. La Parole d’Elli avait existé en secret parmi les femmes-esclaves depuis le début des Harems et les Juddites avaient toujours persécuté les Croyantes, dans les misérables petites guerres que les femmes-esclaves menaient les unes contre les autres sous l’œil indifférent ou amusé des Chefs. Des Juddites avaient fait partie des armées des Harems. Il y avait eu des Juddites parmi les tueuses droguées, fanatisées, que les Chefs employaient pour se battre entre eux !

Mais Garde en avait converti quelques-unes. Qui en avaient converti d’autres. Et elles avaient essayé de persuader les autres Juddites, celles qui voulaient la guerre contre les Harems. En vain. La première grande protestation avait dégénéré en un bain de sang où la majorité des disciples de Béthély avaient été massacrées. Et d’après Halde, la Compagne Hallera se trouvait parmi les Compagnes emmurées ! La seule Compagne qu’elle avait vue libre avec Garde avant d’être elle-même capturée, c’était la Compagne Fédra.

Les Harems n’avaient pas vraiment persécuté les disciples d’Elli. Une religion de non-violence leur convenait trop bien – c’était ce que les Juddites avaient toujours reproché aux disciples. Les Ruches, elles, avaient persécuté les Croyantes avec férocité, et la Parole s’était enfoncée dans la clandestinité. Il avait encore fallu presque une centaine d’années (quatre-vingt-sept, pour être exacte) avant qu’elle ne prévalût à nouveau : les Ruches avaient abandonné une à une leur règne brutal pour devenir les Capteries du Pays des Mères. Cela ne s’était pas fait sans violence non plus. Les derniers soubresauts – et les plus sanglants – avaient encore eu lieu à Béthély. Dans le grand procès qui avait jugé Markali, la dernière Reine de la Ruche, la fille de Hallera avait produit les papiers légués par sa mère et affirmé avec éclat la divinité de Garde, morte et ressuscitée deux fois.

Toutes ces données ne se trouvaient pas dans le carnet, bien sûr, en particulier pas la seconde mort et la seconde résurrection de Garde, survenue après la capture des Compagnes : Halde, pendant son emprisonnement, et en attendant la mort, avait décrit rapidement l’enchaînement des événements qui l’avaient amenée là. Mais Lisbeï n’y songeait pas, les yeux clignotant de fatigue sous la lumière de sa lampe. Elle était encore sous le choc. Pour elle comme pour bien d’autres, Garde faisait partie des habitudes, elle était la sorte de figure merveilleuse sur laquelle on ne s’interroge pas quand on la découvre dans l’enfance et qui est trop intégrée au paysage pour qu’on s’en étonne une fois devenue adolescente ou même adulte. Lisbeï avait aimé l’histoire de Garde dès le début parce qu’Histoire et légende y fusionnaient sans s’y opposer comme elles le faisaient trop souvent ailleurs. Mais ce qui l’avait surtout fascinée, c’était d’avoir découvert en Garde la confirmation dans l’Histoire et dans la légende (puisqu’elle participait des deux) d’une intuition qu’elle, Lisbeï, avait eue toute seule – avec le tournoiement de sa rondelle-loupe, puis avec le cube plein et creux de Mooreï. Malgré les Appendices de Hallera et la divinité déclarée et reconnue de Garde, Garde devait être divine et humaine, puisque morte et ressuscitée. Garde était des deux côtés à la fois. Garde était un seuil, un de ces points de passage magiques d’où l’on pouvait sauter hors du face-à-face figé du pour et du contre et atterrir sur le fil, juste entre les deux, pour voir l’unité du monde. Il y avait des contradictions qui n’en étaient pas vraiment : on avait le pouvoir de les dominer, de les résoudre. C’était une expérience que Lisbeï chérissait, qui la remplissait d’un bonheur toujours trop bref, hélas, car c’était seulement dans la taïtche qu’on pouvait le faire durer.

Et maintenant, ce que Lisbeï voyait aussi dans le carnet de Halde, ce n’était pas tellement l’histoire de Garde, qu’elle connaissait déjà malgré les variantes introduites par Halde, mais surtout la confirmation de son autre intuition : les légendes pouvaient être vraies, les histoires être de l’Histoire. Elle était la première à savoir la vérité, dès le lendemain la vérité se répandrait à partir d’elle, autour d’elle… Elle pensait sans doute plus à la lumière repoussant l’obscurité qu’à la pierre dérangeant une eau tranquille. Pas une seconde elle ne songea qu’on pourrait mettre sa vérité en doute.

 

* * *

 

Le lendemain matin, aux premières lueurs de l’aube, Lisbeï se réveilla toute courbaturée. Elle s’était endormie sur sa table de travail. La première chose qui lui tomba sous les yeux, ce fut le carnet. Avec un sursaut de joie – un peu d’inquiétude aussi, maintenant – elle se demanda comment elle allait procéder. Le réflexe, très ancien, c’était : « Tula d’abord ». La veille, elle avait été trop excitée par sa découverte, trop pressée de déchiffrer le testament de Halde. À présent… Oui, et malgré tout, ce devait être Tula d’abord.

Elle se glissa dans la chambre de Tula, de l’autre côté du couloir – sans le serrement de cœur habituel à la pensée qu’elles étaient si près l’une de l’autre, et pour rien. Elle secoua doucement Tula. Un œil ensommeillé s’ouvrit sous la masse de cheveux roux, s’arrondit.

« Lisbeï !

— Chchchtt !

— Lisbeï, reprit Tula plus bas en s’asseyant dans son lit, qu’est-ce qui t’est arrivé ? »

En suivant son regard horrifié, Lisbeï se rendit compte qu’elle portait toujours sa combinaison de fouille pleine de terre, de poussière et de taches de sang là où sans y prendre garde elle avait essuyé ses doigts écorchés. Elle se mit à rire tout bas : « Rien ! Si, plein de choses, mais je n’ai rien !

— Raconte », dit Tula sans hésiter – la vieille habitude, la formule magique qui les rapprochaient dans les nuits de la garderie. Et Lisbeï ne fut pas blessée d’y penser : c’était un moment hors du temps, hors de leur histoire à toutes deux ; ce qui les rassemblait ici et maintenant les dépassait.

« Raconte », en vérité ! Par où commencer ? C’était bien la première fois qu’elle n’avait pas eu le loisir de mettre ses idées en ordre, de les organiser pour Tula. En désespoir de cause, elle ouvrit le carnet et lut ce qu’elle avait déchiffré.

Et Tula l’écoute, attentive, suspendue à ses lèvres, comme autrefois. Et ensuite, la communion immédiate, les phrases que lune commence et que l’autre termine, oui, un moment magique – et qui allait durer. Dans le désert plein d’épines des derniers mois de Lisbeï à Béthély, il y aurait ce miracle, le plus inattendu, et sans qu’elle y fût pour rien : Tula retrouvée. Presque. Et presque jusqu’à la fin.

« Il faudrait d’abord en parler à Mooreï, dit Tula quand elles eurent fini de s’expliquer ce que Lisbeï venait de lire.

— Pourquoi Mooreï ? » Lisbeï avait vaguement imaginé qu’elle irait trouver Selva aux premières heures de la matinée, qu’elle poserait le carnet devant elle – « Voilà » – et qu’après ses explications elles écriraient ensemble la lettre annonçant la nouvelle à tout le Pays des Mères. Et c’était Tula, l’aventureuse Tula, qui disait « Attends » ?

« Pense aux conséquences », dit Tula.

— Quelles conséquences ?

« Les Juddites », dit Tula, patiente.

Quoi, les Juddites ? Puis, à travers l’extase de la découverte, des lambeaux des enseignements de Selva commencèrent à revenir à Lisbeï – ce que Selva lui avait appris à titre de future Mère et qu’elle s’était farouchement efforcée d’oublier depuis près de deux années. Tula voulait dire « les Juddites de maintenant ». Elles ne seraient pas contentes du tout d’apprendre que les Juddites d’autrefois s’étaient battues contre Garde. Que des Juddites devaient avoir menti sur la tradition, falsifié aussi bien l’Histoire que la légende… Le statut des Juddites de maintenant, toutes confites dans leur fidélité stricte à la Parole, intraitables gardiennes des traditions, n’en sortirait certainement pas sans dommage. La Litale était surtout une province de Juddites. Et Béthély occupait une position particulière, délicate, en Litale : forte de sa contribution reconnue à l’histoire du Pays des Mères, forte du pèlerinage de Garde… mais plutôt isolée dans sa modération religieuse et encore plus dans ses velléités récentes de progressisme.

Mais toute Béthély serait derrière Lisbeï et pour la vérité, non ? Et les Juddites ne prévaudraient pas contre elles !

La réaction de Mooreï aurait dû l’alerter. Surprise, émerveillement fervent au début du récit : Lisbeï n’en avait pas attendu moins de la Mémoire. Mais, à mesure qu’elle lui lisait les pages déchiffrées du carnet, elle sentit croître le malaise de Mooreï. Quand Lisbeï se tut, la Mémoire resta longtemps silencieuse, plongée dans une réflexion si profonde qu’on aurait dit du recueillement.

« Nous irons montrer tout ceci à Selva. » Puis, avec une gravité sans sourire que Lisbeï lui avait rarement vue, elle ajouta : « Je ne peux regretter ta découverte, Lisbeï. Si elle a eu lieu, c’est qu’elle devait avoir lieu. Mais peut-être serons-nous tentées de la regretter. La vérité n’est pas une tendre maîtresse. »

Et Selva n’était pas une tendre mère. Avant de pouvoir exposer sa découverte, Lisbeï dut écouter une diatribe exaspérée sur sa désobéissance, et elle vit le moment où Selva la renverrait sans même l’écouter. Sur l’insistance de Mooreï, la Mère se calma cependant assez pour écouter la lecture du testament de Halde.

« Des Juddites auraient livré Garde et ses Compagnes aux Harems ? Mais tu te rends compte de ce que tu dis, Lisbeï ?! »

Selva n’était ni émerveillée ni fervente, Selva avait très vite cessé d’être stupéfaite. Selva semblait furieuse. Mais, comme Selva ne songeait pas à dissimuler ses réactions, Lisbeï se rendit compte que la Mère avait peur.

« Quelle importance, les Juddites ! Garde est bien morte et ressuscitée à Béthély, on en a une preuve directe avec le carnet, le témoignage d’une des Compagnes emmurées, c’est ce qui compte, non ?

— La preuve ? dit Selva. La preuve ? » Elle se laissa retomber dans son fauteuil comme si elle n’avait pu en dire davantage. Quoi, le carnet n’était pas une preuve ? Qu’est-ce qu’elle voulait de plus, comme preuve !?

« Ce n’est pas parce que c’est écrit que c’est vrai, Lisbeï, dit Mooreï. Je croyais t’avoir appris que l’histoire n’est pas une science. Elle dépend trop des témoignages humains. »

Mais toute l’histoire de Garde reposait jusqu’à présent sur le témoignage de la Compagne Hallera, recueilli par sa fille et présenté au procès de Markali. Et c’était de là qu’on tenait la Parole elle-même, n’est-ce pas ?

Les émotions de Mooreï prirent cette coloration confuse qu’elles auraient si souvent pendant le mois à venir : « Ce n’est pas la même chose », murmura-t-elle d’une voix hésitante. Et Lisbeï comprit avec une stupeur consternée que Mooreï aussi avait peur. Quoi, parce que Halde citait Hallera parmi les Compagnes emprisonnées ? Elle s’était trompée, voilà tout : elle disait elle-même qu’elle n’avait pas bien vu, dans le désordre de la bataille. Mooreï secoua la tête sans rien dire.

La Garde de Halde était soudain trop réelle pour Mooreï, trop humaine en même temps que toujours indiscutablement divine puisque ressuscitée ainsi que le confirmait le carnet ; la Mémoire se sentait trop proche d’un seuil périlleux pour sa foi, Lisbeï ne le comprendrait que bien plus tard.

Chroniques du Pays des Mères
titlepage.xhtml
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_019.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_020.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_021.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_022.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_023.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_024.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_025.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_026.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_027.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_028.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_029.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_030.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_031.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_032.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_033.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_034.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_035.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_036.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_037.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_038.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_039.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_040.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_041.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_042.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_043.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_044.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_045.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_046.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_047.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_048.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_049.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_050.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_051.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_052.html
Vonarburg,Elisabeth-Chroniques du Pays des Meres.French.ebook.AlexandriZ_split_053.html